Sous le soleil d'été (Privé)

Esteban avait une envie folle de manger : sans doute proportionnelle à ce que l'on connaissait de lui le glouton d'Elysium. Le jeune homme ne tarda pas à quitter la salle d'entraînement où il avait bien sué pour se rendre à la cafétéria. Il était midi et les gens commençaient à rejoindre la salle pour les mêmes raisons que lui. Comme aucun de ses amis n'était dans les parages alors le singe sélectionna un plateau-repas et préféra s'installer sur la terrasse dehors pour manger. Il y avait une table près des buissons que personne ne choisissait jamais - trop peur des araignées.

C'est en se penchant pour prendre une frite qu'il donna un coup de coude inopportun contre son soda qui, bien entendu, tomba de la table en se renversant sur les chaussures de quelqu'un qui passait par là. Esteban, des frites dans la bouche s'extirpant d'entre ses lèvres comme des dents pliées, ouvrit de grands yeux choqués. Alors là, c'était pas prévu, ça.
Puis, constatant les dégâts, il afficha une tête mécontente.
« Ahhhhhhhhh.... J'avais trop soif en plus ! »

Luxuria n'avait pas de client pour la journée, c'était donc une journée de repos qu'il pouvait prendre afin de passer du bon temps avec son gamin, mais évidemment celui-ci aimait bien prendre la fuite et courir dans toute la ville en rigolant et s'amusant dans les recoins. À force, Luxuria l'avait laissé faire en sachant que celui-ci était assez débrouillard pour revenir vers la maison. Peu de gens savait qu'il avait un môme et ceux qui finissait par s'en rendre compte en restait toujours surpris, mais au final était-ce réellement surprise de voir une pute avec un enfant ?

Bien que son gamin puisse avoir cinq ans, Luxuria restait très discret quant à la fabrication de son trésor, mais une chose était certaine, il connaissait le père en question, du moins assez pour savoir qui il était. Sans être à la recherche de l'enfant, Luxuria fronça les sourcils lorsqu'un liquide collant et froid lui coula contre les pieds et baissa ses yeux bleu clair vers la source du problème en sursautant lorsqu'il reconnu cette voix derrière le puissant.

« Esstebaaan.... » Prononça t-il clairement et les dents serré. Qui d'autre ... Il repoussa les buissons en posant un regard foudroyant sur le garçon.

Pour tout dire, il était plus préoccupé par l'idée d'avoir à nager à contre-courant dans la foule pour aller se chercher un autre soda que par l'éventuel pauvre bougre qu'il avait couvert de sucre. Mais quand la voix transperça les buissons, sans qu'il n'ait le temps de réfléchir, un frisson lui traversa l'échine. Il avait une très bonne mémoire quand il était question des gens qu'il aimait ou qui avaient, d'une manière ou d'une autre, marqués sa vie. C'était le cas de la personne qui se dressait là, d'ailleurs.
Esteban passa ses bras dans les arbustes afin de les repousser. C'est alors qu'il y passa la tête, le regard fixé sur Luxuria devant lui, dont les chaussures étaient bousillées.

« Lux ! Je t'avais pas vu ! » fit-il avec un rire embarrassé, le sourire figé. Au moins, il avait prit le temps d'avaler ses frites tordues avant de repousser les branches. « Désolé pour tes pieds. » ajouta-t-il avec un sourire qui se voulait aussi charmant qu'innocent. « Pas fait exprès. Hé hé. »
Abruti.

« Oh, mais je me doute bien que tu n'aie pas faire exprès. » Lâcha la froide et clair de Luxuria. Il plissa les yeux en ayant un tic nerveux sur le coin de l'oeil et contourna les buissons en venant se mettre face à l'homme, debout de l'autre côté de cette petite table carré. Il l'observait avec beaucoup d'attention en serrant les poings et les dents. C'est que Baban avait beaucoup de gens qu'une table les sépares et que des gens soient présent tout autant d'eux.

« Donne moi de l'argent. » Il tendit la main vers Baban, l'air confiant et surtout une expression sur le visage qui semblait clair : ne me contredit pas, sinon je te tue.

Esteban perdit son sourire quand Lux contourna le buisson pour le rejoindre sur la terrasse. Il avait la main tendue vers lui et l'exhortait à lui donner un peu d'argent. La demande était catégorique et tout ceux qui avaient le regard posé sur lui semblaient curieux de découvrir sa réaction. Esteban eut un bref moment de réflexion avant de fouiller dans ses poches.

C'est au prix de grands efforts qu'il extirpa finalement de son bermuda en jeans quelques billets de banque. Il les leva à hauteur des yeux du blond et lui déposa finalement dans la paume. Mais avant que Lux n'ait pu se reculer, Esteban lui attrapa le poignet afin de l'empêcher de bouger, le fixant droit dans les yeux. « Qu'est-ce que tu faisait dans le coin ? » demanda-t-il, le sourire au coin des lèvres.
C'est que, dans les faits, Luxuria n'était en rien un combattant et/ou apprenti.

En temps normal, Luxuria ne quémanderait pas de l'argent, mais là tout de suite, ses chaussures était en piteuse état et son argent, il ne l'avait pas sur lui. Autrement dit, c'était hors de question qu'il marche dans les rues de la cités en ayant les pieds collés et les sandales aussi sale. Esteban lui devait une nouvelle paire et c'était ce qu'il allait faire, de gré ou de force.
Lorsqu'il vit les billets, Lux plissa les yeux pour finalement refermer les doigts contre ce papier précieux et se figea soudainement, le regard contre la main qui lui serrait le poignet.

« Question intéressante... » Dit-il lentement en ne quittant pas le garçon des yeux.

Certes, ce n'était ni un combattant, ni un apprenti et il n'en serait jamais un, bien que ses talents niveau magie serait apprécier par les hauts dirigeant.

« Je cherche ton fils. »

Esteban tenait toujours Lux par le poignet lorsque celui-ci daigna enfin lui confier les raisons de sa présence dans les parages. De toutes les options, il admettait ne pas avoir envisagé celle où Lux pouvait être à la recherche de son fils. Il haussa les sourcils de surprise et relâcha les doigts de son ex-amant d'un air forcément concerné. « Tu l'as perdu ? »
La question n'était pas jetée tel un reproche. Esteban savait très bien à quel point Davy était un petit monstre toujours en cavale. Une copie-conforme de lui alors qu'il n'était qu'un gamin toujours en train de faire des bêtises avec son meilleur ami.

Esteban jeta un coup d'oeil regretté à son plateau devenu froid et se leva finalement avec détermination. « Viens, je vais t'aider à le trouver. » Il descendit les quelques marches de la terrasse sans trop savoir par où commencer, en vérité.

« Tu ne le trouveras pas. » Dit-il dans un soupire en grimaçant lorsqu'il fit un pas. Il s'installa sur l'une des chaises, retira ses chaussures et balança ceux-ci dans la poubelle qui fut la plus proche pour finalement passer une serviette humide sous et sur ses pieds. Une fois cela fait, il se redressa en s'approchant d'Esteban puis haussa les épaules.

« Ton fils est un esprit libre, il ère ici et là sans jamais faire attention à ce qui l'entoure. Si ça se trouve, il est surement hors du quartier vers les terrains vagues. »

Après tout, Davy se voyait déjà comme un grand combattant et Luxuria devait toujours se battre avec son fils afin de lui faire prendre un bain ou le mettre au lit, parce que l'enfant c'était un rebelle... Ce serait quoi à quinze ans, songea le blond avec un petit sourire attendri.

« Mais si vraiment tu y tiens, peut-être qu'en te voyant il sera heureux et reviendra. » Après tout, le fils voyait rarement son paternel. Sur ce, Luxuria se remit en marche en étant pieds nus dans le sable des rues, vêtu d'un vêtement propre aux gens du plaisir. Un vêtement léger et agréable de vue, sous les couleur de rouge et noir, donnant cet air de danseur exotique (un peu comme les vêtements d'Alabasta).

Esteban se retourna quand Lux lui fit savoir qu'il ne le retrouverait pas. Pour tout dire, il avait aussi l'impression que ce ne serait pas une partie de plaisir, mais il tentait malgré tout de demeurer optimiste comme il l'avait toujours été. Au moment où le blond ajouta que son fils était un esprit libre alors Baba' ne pu s'empêcher de laisser échapper un rire.

C'est qu'il comprenait totalement ça. Après, ils convinrent, d'une certaine manière, d'explorer les rues jusqu'à lui tomber dessus. Esteban le voyait comme ça, en tout cas. Il jeta un coup d'oeil à son ex-amant avec calme, cette fois-ci. « Le roi t'as laissé passer de Ranginui jusqu'ici, c'est ça ? » Après tout, Esteban savait que Luxuria avait une bonne relation avec le roi Auguste. Du moins, une relation, quelle qu'elle soit. Les regards se posaient régulièrement sur le blond tandis qu'ils évoluaient dans la rue passante ; c'était quelque chose qui, convulsivement, poussait Esteban à serrer les poings.

Lorsque Luxuria lui expliqua qu'il était là pour accompagner le prince Nanaya alors Esteban se contenta d'un sourire. « Ah ! C'est cool, en fait. » Il croyait que, en dépit du désintérêt qu'il avait envers la royauté et toutes ces choses, le prince Nanaya était réellement quelqu'un de bien. Après tout, c'était le neveu de Fox. Du coup, quiconque partageait le même sang que lui avait droit à l'affection de Baban. Lorsque Lux' ajouta, de façon tout à fait tranquille, qu'il était venu afin d'inscrire Davy chez les combattants, le père dudit personnage faillit perdre pied et se vautrer au sol.

« Tu ... Quoi ?! » lâcha-t-il, s'appuyant contre l'un des lampadaires, les yeux ronds et fixés sur Luxuria. Celui-ci paraissait s'intéresser particulièrement à l'expression sur son visage, d'ailleurs. « T'es sérieux ? » ajouta-t-il précipitamment. Il avait du mal à croire une chose pareille et la raison en était simple. « Tu vas pas survivre à une telle angoisse. » Pour tout dire, Esteban croyait profondément en son fils ; quel que soit son âge ou ses capacités. Il aurait pu, en quelque sorte, être vu comme un mauvais père pour ça. Mais si son propre père lui avait bien apprit quelque chose c'était bien cela. Les enfants ne sont pas tous innocents et pourvus de craintes. Ce monde est bien trop vaste et dangereux pour que les gamins se complaisent dans leur sécurité.

Lorsque Lux vint l'embrasser, Esteban demeura figé dans la même position, la bouche entrouverte tel un poisson rouge en train de faire des bulles. Il s'affaira à reprendre ses esprits tandis que le blond se remettait en route en lui donnant la véritable raison de sa présence dans la capitale. Sans doute que cette explication faisait plus de sens !

Esteban dû courir un peu afin d'être à la hauteur de Lux. « Je comprends mieux ! » s'exclama-t-il en ne le quittant pas des yeux cette fois-ci - même si cela n'était pas très prudent, en fait. « Alors comme ça tu vas rester un peu ? » Cette question fut accompagnée d'un sourire. Sans vraiment se rendre compte, Lux et lui marchaient vers Knight Square.

Esteban rangea ses mains dans les poches de son bermuda, se tenant auprès de Luxuria tandis que celui-ci lui suggérait de passer, peut-être, un peu plus de temps avec son fils maintenant qu'il était dans la capitale. Bien sûr, Esteban était ravi de l'entendre. Il était toujours agréable de savoir que la personne que l'on a aimé nous considère comme digne d'élever son fils.

« Ouais, pourquoi pas ? » fit-il avec grande sincérité. Son visage se scinda d'un grand sourire et il leva ses bras au-dessus de sa tête pour mieux les croiser derrière afin d'y appuyer la nuque. Il examina le ciel couvert de nuages cotonneux. C'est là que Lux lui fit cette judicieuse remarque selon laquelle il semblait apprécier l'idée qu'il reste un temps à Elysium.
« Ça fait longtemps qu'on n'a pas passé de temps ensemble. » admit le garçon aux cheveux noirs, jetant un coup d'oeil amusé à son interlocuteur. « Je t'aime beaucoup, tu sais, Lux. »
Il comptait élaborer sur le sujet lorsqu'il entendit des voix provenant du lointain. « Ça a l'air mouvementé par là ! » s'exclama-t-il en riant. Un grand enthousiasme, comme toujours, semblait émaner d'Esteban chaque fois que du grabuge avait lieu quelque part.

Ils n'eurent pas à avancer bien longtemps pour se retrouver face à la scène. Celle-ci avait attiré l'attention de beaucoup de passants. Il n'était pas rare que des enfants pauvres trouvent le moyen de monter jusqu'à Knight Square dans l'espoir de pouvoir voler de la nourriture aux plus fortunés. Mais ce gamin grimpant sur les toits n'avait rien de ce que l'on imaginerait d'un enfant pauvre. Du coup, les gens semblaient encore plus désemparés.

Esteban eut une petite grimace quand Lux lui dit qu'il le laissait se charger de la situation. « DAAAAAAAVY!! » gueula-t-il en attirant tout de suite l'attention du petit bonhomme qui était collé aux tentures du toit d'un kiosque comme une mouche sur une toile d'araignée. Le petit garçon regarda un moment son père, sa pomme à la main, quand il le reconnu enfin. « Papa? » lâcha-t-il, incertain, avant d'ajouter à la vue de Lux : « Mama !! » Aussitôt, il étira son bras le plus possible jusqu'à atteindre l'autre toit et se laissa balancer comme un singe jusqu'au sol. Le marchand semblait toujours avoir l'intention de lui trancher la main.
« Reviens ici petit garnement ! Je vais t'apprendre ce qui arrive aux voleurs et aux mendiants dans cette cité ! Tes parents ne t'ont-ils pas appris le respect ?! »
Esteban cligna des yeux en regardant le marchand de son air d'abruti habituel.
Contre toute attente, au lieu de s'excuser ou de justifier la situation, le jeune homme au chapeau de paille tendit juste la main et prit aussi une pomme pour croquer dedans.

« Ouhhhh. Elles sont délicieuses ! » Davy se mit à rigoler comme l'enfant espiègle qu'il était en venant grimper tant bien que mal sur le dos de son père. Il tenta d'ailleurs de faire tenir sa propre pomme en équilibre sur la tête d'Esteban qui, lui, tournait la tête vers Lux. « Trouvé ! » Il eut un grand sourire, du jus de pomme sur le menton.
Le marchand s'énervait toujours à deux mètres de lui, mais tout ce qu'on entendit vraiment tandis que Baban souriait, c'est le bruit de son estomac qui grondait comme le tonnerre.
Douce mélodie, d'ailleurs.

L'ambiance avait, bien entendu, été assez tendue lorsque le marchand s'était mit à crier. Mais c'était bien pire désormais puisque Lux' faisait l'étalage de son pouvoir devant les citoyens. Bien sûr, cela ne passa pas du tout inaperçu et l'ambiance sembla se ternir davantage. Dès l'instant où l'homme se retrouva sur le sol alors celui-ci rampa jusqu'à son kiosque et se fondit dans le décor, partagé entre la crainte et le dégoût, la main au cou.

Esteban ne fit aucun cas de tout cela. Il conserva Davy sur ses épaules et s'approcha de Lux quand celui-ci lui attrapa la main pour l'emmener dans une rue plus achalandée, mais où l'ambiance paraissait moins malfamée. Avec un petit sourire, Baban en profita pour s'adresser à Lux. « J'crois que la prochaine fois il va y penser à deux fois avant d'insulter un gamin. » Il pouffa de rire. « OK DAVY ! TU VEUX MANGER QUOI ?! » Le petit garçon leva ses bras en l'air. « Viandeee ! » Esteban sembla approuver. « Un restaurant de grillades ... Miam ... »

« Si je connais le meilleur restaurant ?! Bien sûr ! Je viens toujours ici avec Fox. » expliqua-t-il avec un grand sourire. Il s'approcha, son petit singe toujours sur le dos, et explora du regard la grande allée de restauration. Il y avait un tout petit bâtiment coincé entre un fast-food et une boutique de souvenirs. Il se faufila à l'intérieur par une porte agrémentée d'une cloche. Celle-ci tinta un moment au-dessus de leur tête ; Davy tenta même de l'attraper, mais Esteban avança trop vite pour qu'il ait le temps de le faire.

Sa main liée à celle de Lux, il l'attira donc vers l'une des tables et s'y installa. Davy gigota afin de descendre et s'assit sur la chaise libre à gauche d'Esteban. « C'est un yakiniku. » expliqua-t-il au blond avec un air détendu, souriant. Pour lui, être ici n'avait rien de particulièrement gênant. Il se sentait en famille et dans son élément. La table était agrémentée d'un système de plaques chauffantes. « Je vais commander la viande. » fit-il en se levant. Il dû lâcher la main de Lux, mais avant de le faire, il vint déposer un baiser contre cette main. Enfin, il reprit sa route vers le comptoir.
Davy était, quant à lui, debout sur sa chaise.
« Des bonbons! Z'veux des bonbons! » s'exclama le petit bonhomme en voyant un bol près de la caisse. Il était fournit en friandises offertes à tous les clients qui achetaient quelque chose.